Les "Crémateurs" ou "Allumeurs" de la Crémation des Trois Sapins du 30 Juin

André ROHMER, le 30 juin 2012

André ROHMER, président de notre association Les Amis de Thann et grand amoureux de notre ville, se voit récompensé de son engagement et se son travail, en allumant l'un des trois sapins, le 30 juin 2012.

La Liste des Crémateurs

Liste des Crémateurs
Histoire du 30 juin et liste des crémateurs
30 juin - Liste des crémateurs 2022.pdf
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Chaque année, la Crémation des Trois Sapins est l'occasion de mettre 3 personnes à l'honneur. Vous trouverez ici la liste des Crémateurs recensés au 1er Juillet 2022.

 

Rendez-vous est d'ores et déjà pris pour le prochain 30 Juin afin de revivre ce moment unique, mêlant religieux et profane, et habité par presque 9 siècles d'histoire...

Un peu d'histoire ... (selon un texte de Christine Heider)

Les trois sapins brûlés près de la collégiale St Thiébaut le 30 juin au soir rappellent les trois lumières qui brillèrent, selon la légende, au-dessus de la forêt dans la nuit du 30 juin 1161.

 

La légende qui relate la fondation de Thann est connue depuis le XVe siècle. Elle est trop belle et trop poétique pour être tout à fait conforme à la réalité historique. La relique conservée à la collégiale dans un précieux ostensoir en cristal de roche a longtemps passé pour être le pouce de la légende. Des examens entrepris aux XIXe et XXe siècles ont prouvé qu'il s'agissait en réalité d'un fragment de peau durcie. En 1975, le corps de saint Thiébaut, qui repose à Gubbio dans une châsse de verre, a fait l’objet d’une vérification approfondie. A cette occasion, on put établir que le fragment de peau avait été prélevé sur la face extérieure de l'auriculaire droit, à une époque sans doute très ancienne.

 

LA CRÉMATION A TRAVERS LES SIÈCLES

Tableau de Ritleng

La crémation des sapins est une tradition très ancienne, puisqu’elle est attestée déjà dans un document de 1458. Le terme de crémation est relativement récent. Au siècle dernier, on parlait plus volontiers du brûlement ou de l'incinération des fagots. En allemand, le terme de fackeln (torches ou flambeaux) était d'usage, ce qui témoigne d’une parenté incontestable avec les feux de la Saint-Jean.

 

Jusqu’au siècle dernier, la manifestation avait lieu sur la place devant le portail nord de l'église, du côté de la fontaine Saint-Thiébaut. Mais en 1844 un incident malheureux entraîna une sérieuse remise en cause de cette tradition séculaire. Le 4 juillet, un incendie se déclara dans le grenier de l’hôtel des Deux Clefs (actuellement siège de la Banque Nationale de Paris). Le sinistre fut attribué à des étincelles provenant de la crémation des sapins. La municipalité décida de réduire la taille des " fagots " afin qu’ils cessent de représenter un danger, ce qui fut fait en 1845 et 1846. En 1847, les festivités ne purent avoir lieu, car la ville était alors secouée par de graves troubles sociaux. A partir de 1848, la cérémonie fut reléguée à l’intérieur de l’église où trois grands cierges symbolisaient les trois sapins de jadis. Réduite à sa plus simple expression, la fête perdit tout son éclat et cessa d’attirer les foules.

 

La cérémonie fut brièvement ressuscitée en 1861, lorsque la ville décida de célébrer, avec une pompe extraordinaire, le 7e centenaire de sa naissance. Au grand jour et en plein air, les habitants purent assister à une " incinération des fagots " selon les traditions ancestrales. Mgr Raess, évêque de Strasbourg, et le père abbé du couvent d’Oelenberg présidaient les festivités, au milieu de nombreuses hautes personnalités civiles.

 

Mais il fallut encore attendre trois décennies pour voir revivre l’ancienne tradition. On doit cette résurrection au nouveau curé Georges Jost, originaire de Sentheim. Arrivé à la tête de la paroisse en 1890, l’une de ses premières initiatives fut le rétablissement, le 30 juin 1891, de la " combustion des fagots ". La cérémonie se déroula alors, pour la première fois, sur l’actuelle place Joffre, entre la collégiale et l’hôtel de ville. Ce fut un événement grandiose, auquel plus de 30 prêtres assistèrent. Les sapins furent allumés par le curé Jost, le maire J.B. Thomann et l’adjoint Muller.

 

A partir de 1891, avec les seules interruptions dues aux deux guerres mondiales, la fête anniversaire de la fondation de la ville a été régulièrement célébrée tous les ans.

 

ALLUMER UN SAPIN : UN GRAND HONNEUR

 

La liste des " allumeurs " commence en 1891. Elle est à peu près complète, hormis quelques années pour lesquelles les indications manquent. Allumer un sapin le 30 juin a toujours été considéré comme un grand honneur. Avant la première guerre mondiale, cet honneur était réservé quasi exclusivement au curé, au maire et à un de ses adjoints. Par la suite, le recrutement s’est diversifié. Il s’est également démocratisé à partir du milieu du XXe siècle. Après un défilé presque ininterrompu de militaires, de préfets et de conseillers généraux, des citoyens méritants de Thann furent à leur tour invités à allumer un sapin. C’est Mme Klein-Bruckert, mère de famille nombreuse, qui ouvrit le bal en 1956. Elle fut suivie par beaucoup d’autres, tels le poète Victor Schmidt, en 1957, le jeune Maurice Lejal, lauréat du certificat d’études primaires, en 1959, etc.